Fendi, A-H 13/14

Fendi, A-H 13/14

Par Louis Bompard



La donne est claire. Chez Fendi, Karl Lagerfeld ne se veut pas « diktateur ». En effet, saison après saison, il ne donne pas l’impression de vouloir imposer aux femmes ce qu’elles mettront la saison prochaine. Galant comme un homme de son rang, il leur propose, plutôt. En Italie, le Kaiser doit composer avec deux contraintes devenues les locomotives créatives de son mariage avec la maison romaine. La première est de continuer de faire briller le savoir-faire et la volonté novatrice des ateliers Fendi, notamment lorsqu’il s’agit du travail des matériaux phares de la maison, la fourrure et le cuir. La seconde, qui découle de la précédente, est de combler la faim de beau de la clientèle de la maison, plus attachée à son immédiateté qu’au fait qu’il remplisse les pages tendances des magazines. Ici, on ne parle donc pas silhouette, mais coup de cœur. On ne veut pas ressembler à ces filles, on veut rêver dans leurs manteaux. On ne joue pas, on désire.



Cette saison, Karl Lagerfled a voulu insister sur le caractère vivant de la fourrure. Pour cela, il dit s’inspirer du « Sport Couture » dans cette livraison baptisée « Icons unchained ». Ainsi, en empruntant plusieurs chemins, il apporte un nouveau relief et une profondeur bluffante aux fourrures de la saison. Bien entendu, le premier et le plus évident de ces tours de passe-passe est de jouer sur leur longueur, en juxtaposant une maille rase à des empiècements plus duveteux. Mais devant aller plus loin, cette collection s’amuse aussi de la couleur comme d’un trompe-l’oeil sur des manteaux rayés en patchwork, dont les insertions d’orange flou, de bleu cobalt ou de grenadine brusquant la rétine. De temps à autre, la fourrure laisse également sa place à des franges de cuir venues la singer, qui disposées dans ses sens inverses, créer une nouvelle fois une impression de 3D.

Des crêtes de plumes en biais, des jupes à deux fentes et quelques manteaux bi-matières asymétriques finissent de marquer l’effet.

Mais après tout, cette volonté de Karl Lagerfeld est avant tout une affaire de journalistes. Ce qui compte pour lui et la maison Fendi, ce sont surtout les yeux des femmes du premier rang. Et aujourd’hui, encore une fois, ils brillaient.