Par Louis Bompard
La poésie avec laquelle Dries Van Noten façonne sa mode nous entraine bien loin de ses habituelles considérations matérielles. Ici, on ne pense pas à la pièce que l’on veut « absolument avoir avant les autres ». Non, le plus poignant, lors d’un défilé du créateur anversois, c’est le transport dans une histoire extraordinaire qu’il propose. Et comme la poésie n’est pas affaire de chiffres et d’évidence, chacun, à la vue des créations de Dries Van Noten, peut s’envoler vers l’histoire de son choix.
Voir ces filles déambuler sur ce parterre de mousse et lichen, vêtues de pantalons amples style pyjama, de déshabillés fluides ou de manteaux peignoirs, nous amène à l’aube, quand elles vont chercher dans leur jardin le premier rayon du soleil. La mélodie des oisillons qui composent à eux-seuls la bande-son du début du show confirme cette impression. Et quand les paroles du morceau « Strange Entity » d’Oscar and the Wolf font résonner «I lost you. I miss you, I wanna hold you. Come back » (« Je t’ai perdu, Tu me manques, Je voudrais te serrer. Reviens »), on peut se dire que les belles sont finalement sorties à la recherche d’un amour disparu au petit matin. Cela explique peut-être qu’elles mélangent, presque à la va-vite, les imprimés, les rayures et les brocards, le mat et le glitter, la longueur d’une liquette avec celle d’un mini-short. C’est la fameux « j’ai pris ce que je trouvais », qui chez Dries, frôle la perfection. Plus le défilé passe, et plus les références ethniques apparaissent, dominées par des frises, des rayures et franges en plumes inca. Et si, finalement, ces notes d’ailleurs et cette allure bohème sublimée par le créateur seraient là pour nous faire comprendre qu’elles ont été le chercher bien loin, leur amour fuyard ? Reste à comprendre les silhouettes brodées de motifs organiques qui luisent dans le noir de la salle du Grand Palais à la fin du défilé. Nous y verrons la lune qui reflète les trésors des bois, puisqu’une journée à la poursuite de « l’autre » vient de s’achever. Et à l’image du Booz de Victor Hugo, les voilà toutes, « de fatigue accablée », s’allongeant sur le terre plein central de ce défilé, laissant dans les mémoires surement un des plus grands souvenirs de ce mois de mode.
Cette vision de ce défilé, nous le revendiquons, est la nôtre. Une autre invitée à cette offrande de grâce vous en racontera surement une différente. Il y a cependant un point sur lequel toute l’heureuse assemblée ait semblé s’accorder. Sinon, pourquoi autant de « bravo » et de larmes lorsque Dries Van Noten foula, à son tour, ce sous-bois vers le rêve ?
http://www.lofficielmode.com/defiles/dries-van-noten-p-e-15/
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